"Pour l'essentiel des bandes dessinées classiques, il vous en coûtera entre 8,5 et 9,5 € l'album. Mais jusqu'à 12 ou 13 € si vous optez pour une belle édition reliée. Pourquoi ? « La bande dessinée est le livre le moins cher par rapport à son coût réel » plaide Claude de Saint Vincent, PDG du groupe Dargaud Dupuis : un album coûte deux fois plus cher à réaliser qu'un roman et se vend deux fois moins cher. « Quand il publie une nouveauté, un éditeur de romans doit en vendre 2 500 pour ne pas perdre d'argent. Un éditeur de BD, lui, 10 000 ! ». À cause du coût de fabrication, en quadrichromie, bien plus élevé que pour un livre. Et parce que la rémunération des auteurs se montre forcément bien plus lourde que l'avance consentie à un écrivain. Le couple sacré scénariste-dessinateur va toucher une avance de l'éditeur un an avant la sortie de l'album (sauf exception, un écrivain la perçoit à la remise du manuscrit). Une planche se paie en amont 300 € en moyenne, dont l'essentiel est versé au dessinateur (son travail est colossal : 8 à 10 mois pour réaliser un album classique de 44 planches !) Cette avance (dans le jargon de l'édition un « à-valoir ») précède le versement des « droits d'auteur » calculés selon un pourcentage lié aux volumes de ventes. Pour dépasser son « à-valoir », un auteur de BD doit vendre 8 000 à 10 000 exemplaires, selon les albums. Ce qui explique la « loi des séries » dans la bande dessinée - les épisodes à suivre - en quête d'une rentabilité. L'exemple de la série XIII est significatif : le premier album, en 1984, s'est vendu à perte à 9 000 exemplaires. Mais avec 12 000 exemplaires vendus, le tome 2 a réanimé au passage les ventes du 1, grâce aux nouveaux lecteurs. Aujourd'hui, quasiment 500 000 exemplaires du tome 17 de XIII ont trouvé acheteur. Et par la même occasion, plus de 600 000 exemplaires du tome 1 !
Combien ça rapporte ?
La bande dessinée est le marché le plus dynamique du secteur de l'édition. En 2004, il affichait 190 millions d'euros de chiffre d'affaires, soit 11,8 % de plus qu'en 2003 ! Jamais un livre, si ce n'est un Potter, n'a été tiré à sa sortie à 3,178 millions d'exemplaires, comme le dernier Astérix... En 2005, 203 éditeurs ont publié des albums (contre 207 en 2004), mais 17 d'entre eux détiennent les 2/3 du marché, révèle le rapport publié chaque année par Gilles Ratier, secrétaire général de l'association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD). En tête, le groupe Dargaud Dupuis. À lui seul, il contrôle 40 % du marché de la BD francophone avec 417 titres publiés en 2005. Son challenger est le groupe Delcourt (Tonkam, Akata...), suivi par Glénat, et Flammarion (Sakka, Castermann, Fluide Glacial, Jungle, Librio...). Des mastodontes face aux labels indépendants, encore très nombreux. Grande tendance au sein de ces maisons, le développement des BD mangas ou manwhas, d'inspiration japonaise : leurs ventes en valeur progressent de 30 % par an depuis 5 ans ! En 2005, sur 3 000 nouveautés en France, 1 000 étaient des mangas. Notre pays serait le deuxième marché mondial des mangas après le Japon. Mais les meilleures ventes restent du côté des classiques. En 2005, le tiercé classé consacre le dernier Astérix, le tome 12 de Petit Spirou et le hors série Titeuf. Pour quelques auteurs, comme Uderzo, Zep (Titeuf ) ou Jean Van Hamme (XIII, entre autres...), la bande dessinée rime avec conte de fées. Van Hamme par exemple. Ancien cadre dirigeant chez Philips, il a changé de vie à 34 ans « par ennui » pour donner naissance à l'histoire de Thorgal. Suivront les aventures de Largo Winch et de l'agent secret XIII : plus de 20 millions d'albums à lui seul... En 2005, il reconnaissait dans une interview à Challenges percevoir un million d'euros par an uniquement en droits d'auteur ! De quoi buller jusqu'à la fin de ses jours..."
Muriel Roy
[source : EconomieMatin.com]
lundi 22 octobre 2007
Pourquoi une BD est chère ?
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